La JCCM précurseure et toujours engagée pour les femmes

Présidente JCCM, 1976-1977
Au Québec, jusqu’à l’adoption de la Charte des droits et des libertés de la personne en 1976, une femme n’avait pas les mêmes droits juridiques qu’un homme. Leurs opportunités de carrières et d’occupations étaient limitées par des mœurs et des valeurs qui ont progressivement changé. C’est d’ailleurs cette même année que la JCCM accueille sa première présidente : Roxanne Piché. 20 ans plus tôt, en 1956, la JCCM était l’une des premières Jeunes Chambres d’Amérique du Nord à ouvrir ses portes aux femmes.

Membres 2021-2022
Au cours des années 1980, on observe une croissance du nombre de femmes dans les hautes sphères dirigeantes d’entreprises et d’organismes. Au sein de la JCCM, cette tendance se fait aussi remarquer notamment par l’augmentation continue du nombre de femmes au sein de son membership. Aujourd’hui, 56 % des membres de la Jeune Chambre sont des femmes.
Ceci étant dit, l’acceptabilité sociale d’une femme « ambitieuse » se fait attendre. Encore aujourd’hui, même si elles s’imposent davantage dans le milieu des affaires, elle peut être dérangeante et confrontée à des défis et des critiques disproportionnées, particulièrement à l’ère numérique.
Une iniquité économique qui persiste
Comme c’est le cas lors de diverses crises, les femmes et les hommes sont exposés différemment aux risques et contraintes lors d’une crise sociale ou économique. La pandémie a augmenté, entre autres, le fardeau des soins non rémunérés, qui sont portés de manière disproportionnée par les femmes. Selon un rapport de la Banque Royale du Canada paru en 2021, cité par Louise Champoux-Paillé, cadre en exercice à la John Molson School of Business de l’Université Concordia, dans cet article, la présence des femmes sur le marché du travail a diminué à un point tel au pays qu’elle aurait régressé au taux de participation des années 1980.
Au Québec, le Conseil du statut de la femme estime que le nombre de femmes actives sur le marché du travail a chuté de 27 000 de 2019 à 2020, une baisse nettement plus marquée que chez les hommes (-17 000). La situation est telle que le nombre d’hommes actifs sur le marché du travail en 2021 (2 410 000) est supérieur à ce qu’il était en 2019 (2 392 000), alors que le nombre de femmes actives en 2021 (2 138 000) demeure en dessous du niveau observé en 2019 (2 150 000).
Fait important également signalé par Mme Champoux-Paillé, « les Canadiennes issues de la génération Z (âgées dans la vingtaine) représentaient seulement 2,5 % de la force de travail au cours de cette période, mais auraient subi 17 % des pertes d’emplois. Il est permis de penser que cette situation en regard de la génération Z aura un impact sur la composition du monde du travail de demain ».
Célébrons les avancées, mais ne baissons pas les bras
Suite aux changements socio-économiques actuels, il est important de travailler en faveur d’une relance économique inclusive, responsable et durable. Les femmes risquent de perdre à la fois en termes de parité et en termes d’avantages économiques si le bilan des dernières années s’installe comme une nouvelle norme — cela doit être une exception et non un nouveau point de départ.
Les interventions visant à faciliter la participation économique des femmes doivent également aborder les aspects sociétaux plus larges des inégalités de genre, par exemple, le manque d’opportunités dans des régions plus éloignées des centres urbains ou la violence à l’égard des femmes, qui a atteint des niveaux alarmants au Québec durant la dernière année.

En toute transparence, c’est très difficile pour moi de savoir ce qui est attribuable dans ma carrière au fait d’être une jeune, une femme, une noire ou une entrepreneure. Quand je prends un pas de recul, ce que ces mots ont en commun c’est cette sensation, cette force qui m’habite, ce sentiment d’être née au bon moment. Avoir la chance de voir autour de moi les portes qui s’ouvrent, les plafonds de verres qui explosent et les opportunités qui s’offrent à ceux qui osent y rêver.

Les dix dernières présidentes de la JCCM (de gauche à droite) : Habi Gerba (2022-2023), Déborah Cherenfant (2020-2021), Selena Lu (2018-2019), Alexandra Corbeil (2013-2014), Cynthia Sanlian (2011-2012), Caroline Ménard (2009-2010), France-Éliane Nolet (2006-2007), Dominique Anglade (2002-2003), Marie-Hélène Nolet (1998-1999), Sophie Forest (1996-1997)